Recréer l'engagement après un plan de départ volontaire : le rôle clé du management

D'après la thèse professionnelle de :
Sébastien Brossard
Mastère Spécialisé Sénior Management Bancaire,
Promotion 2024/2025
L'Ecole supérieure de la banque,
ESSEC Business School
Dans un contexte où les transformations économiques, digitales et sociales imposent aux entreprises des restructurations profondes, le Plan de Départ Volontaire (PDV) s'impose souvent comme un levier d'adaptation.
Mais au-delà des chiffres, ces plans bouleversent durablement le climat social, les repères collectifs et la motivation des collaborateurs.
Cette recherche explore un enjeu central : comment restaurer et maintenir l'engagement des équipes après un PDV, et quel rôle le manager peut-il jouer dans cette reconstruction.
Un contexte de rupture : la fragilisation du lien sociale | |
Le PDV, souvent perçu comme une mesure socialement apaisée, n'en reste pas moins une épreuve organisationnelle majeure. Il entraîne une réorganisation du travail, une redistribution des responsabilités et une transformation des équilibres internes.
Les "survivants" du plan, bien qu'ils conservent leur poste, doivent composer avec une incertitude persistante, une surcharge de travail accrue et parfois une perte de sens.
| L'étude montre que ces situations engendrent une fatigue psychologique et un désengagement progressif, qui peuvent compromettre la relance de l'activité.
Restaurer la confiance devient alors une priorité stratégique : il ne s'agit pas seulement de tourner la page, mais de redonner un cap collectif et une fierté d'appartenance.
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Le manager, acteur central de la reconstruction
Le manager occupe une position clé dans la phase post-PDV : il est à la fois médiateur entre la direction et les équipes, porteur de sens et garant du climat social.
Son rôle dépasse le simple pilotage des objectifs : il devient le gardien du lien, le facilitateur de la cohésion et le moteur de la résilience collective.
Deux formes de leadership s'avèrent particulièrement pertinentes :
- Le leadership inclusif, fondé sur l'écoute, reconnaissance et la co-construction des décisions, qui favorise la sécurité psychologique.
- Le leadership d'engagement, qui valorisera la participation, l'autonomie et la responsabilisation, redonnant au collaborateur la place d'acteur.
Ce approches convergent vers un même objectif : restaurer la confiance et la motivation par le sens.
Une approche ancrée dans la réalité du terrain
La méthodologie de recherche combine analyse théorique et observation participante.
L'auteur s'appuie sur son expérience de direction d'un centre de relation clientèle d'envergure, complétée par des entretiens avec les équipes, les managers et les ressources humaines.
Cette immersion a permis d'identifier les leviers les plus efficaces pour réengager les collaborateurs dans un environnement post-crise :
- Communication transparente et régulière, pour recréer la confiance.
- Autonomie encadrée, favorisant la prise d'initiative.
- Formation continue, pour restaurer la compétence et la projection.
- Reconnaissance et feedback, pour valoriser les réussites individuelles et collectives.
L'ensemble de ces actions vise à réinstaurer un climat d'équité, de sens et d'énergie collective.
Les leviers de l'engagement retrouvés
Cinq axes d'action structurent la démarche de reconstruction :
- Co-construire un projet collectif : définir, avec les équipes, une vision partagée et des objectifs clairs.
- Renforcer l'autonomie : confier des marges de manœuvre réelles et encourager la responsabilité individuelle.
- Développer les compétences : investir dans les softs skills (écoute, leadership, coopération) autant que dans les savoir-faire techniques.
- Institutionnaliser les rituels collectifs : créer des espaces d'échanges et de reconnaissance (réunions, ateliers, événements solidaires).
- Impliquer l'ensemble des parties prenantes : RH, direction, managers et collaborateurs doivent porter ensemble la dynamique de renouveau.
Ces leviers ont été testés progressivement, avec des résultats tangibles ; baisse du turnover, amélioration de la cohésion, regain d'initiative et d'enthousiasme.
Du management de contrôle au management
de sens
L'une des conclusions fortes de cette recherche est la nécessité de refonder la posture managériale.
Le manager post-PDV n'est plus un superviseur, mais un accompagnateur de trajectoires.
Son rôle consiste à créer les conditions pour que chacun retrouve le plaisir de contribuer, le sentiment d'utilité et le droit à l'initiative.
Ce changement s'appuie sur deux piliers :
- La communication vivante (écoute, feedback, reconnaissance immédiate);
- L'autonomie encadrée, qui responsabilise sans isoler.
Ces dimensions transforment le management en un véritable levier de résilience organisationnelle.
Conclusion |
Reconstruire sur la confiance
Cette étude met en lumière une conviction essentielle : l'humain demeure la première ressource stratégique de l'entreprise. Dans un contexte de rupture, le rôle du management est de retisser le lien, redonner du sens et restaurer la fierté d'appartenance. L'engagement ne se décrète pas : il se cultive chaque jour, par la cohérence, la reconnaissance et la confiance.
Faire de l'engagement un projet collectif, c'est de transformer une période de crise en opportunité de renaissance - celle d'une organisation plus responsable, plus solidaire et plus humaine. |